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13 novembre 2013 3 13 /11 /novembre /2013 20:28

ça vous tombe dessus comme ça ... Sans prévenir .. Brutalement .. Oh bien sûr, vous vous y verriez des signes avant-coureurs, des symptômes anticipés .. N'empêche !

 

Un beau soir la Folie se pointe donc d'elle même, en personne la téméraire ! Vous lui ouvrez la porte et pas un salut, un hochement de tête, un clignement d’œil. Elle vous pousse de l'épaule pour entrer et va s'affaler dans votre nouveau canapé, celui en cuir que vous aviez vu en promotion et qui vous a donné l'irrésistible besoin de changer de canapé. Alors elle sort un pack de six, en alu, et vous en tend une quand même. Certaines choses tiennent du protocolaire ! Et elle commence son petit manège ..

 

"Tout le monde me rejette " ; "Y a plus d'génie " ; "J'me sens inutile" ; "Plus d'artiste" ...

 

Réconforter la Folie c'est vraiment pas une partie de plaisir. ça vous fait tout drôle ! Comme pisser sur la lune ou entrer en conflit physique avec soi même pour des raisons d'intolérance à propos d'un sujet déterminé ... Imaginez vous un peu la mort en deuil !

 

Ce genre de choses ça vous tourne mauvais .. Un arrière goût rance dans le fond du slip, là au-dessus du col ... Un coup de mou au moral, une estocade à l'esprit !

 

Mais ne perdez pas le sens de l'humour non plus ! Votre cynisme grinçant, là bien caché au chaud sous votre frustration ... Vous savez cette flamme qui se réveille inopinément d'une petite braise alors qu'on croyait le feu éteint !

 

Vous réagissez, rebondissez, palpitez, trémulez .. Enfin une occasion, une vengeance ... Un drame antique ressuscité ... Faut saisir sa chance au vol, se lancer sans crainte, y aller naturel ! Alors vous moquez, vous raillez, vous geignez .. Jusqu'à ce que le souffle vous manque, que le cœur menace de rejoindre votre sphincter, que vos yeux toupillent dans leurs propres cratères ! L'agglomérat de salive bourbeuse vous fait revenir à la raison plus qu'à vous même ! Faut bien avaler le morceau, changer d'état ... Se faire une peau neuve en somme !

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28 octobre 2012 7 28 /10 /octobre /2012 19:40

     C'était l'époque du pas grand chose, des presque rien.

   Celle ou chacun pouvait être ou ne pas être. Une époque suspendue ente deux âges comme un slip sale entre deux draps blancs séchant sur un fil. Cette fameuse période où la question habituelle à toute causerie : « Comment vas-tu ?» fut bannie de nos conversations tant la réponse s'imposait d'elle-même comme une évidence.

   Les jours étaient si plats qu'on s'asseyait dessus, les nuits tellement sombres qu'on en oubliait la vue, les cœurs si vides d'espoir que l'on soufflait dedans.

   Karl louait un deux pièces aux abords de l'Alexanderplatz, Berlin. Le propriétaire, un homme désœuvré au look punk, fut surpris de la manifestation de l' intérêt porté à son taudis. Tout à fait honnête il lui dit même qu'il était resté longtemps vacant, sans que le moindre locataire y séjourne. « A cause des chansons » précisa t-il en finissant sa bière .

   Cette réponse parue à Karl tout d'abord insensée, totalement hors de propos. Il mit naturellement l'absurdité de cette déclaration en rapport de conséquence direct avec le taux d'alcoolémie du propriétaire que laissait interpréter son haleine piquante, mais il ne tarderait pas à comprendre.

   En effet si tôt eut il terminé avec les manœuvres administratives que nécessitent une location d'appartement, à savoir une ou deux signatures et un billet de la main à la main, le propriétaire lui remit les clefs lui laissant le soin de visiter lui-même le logement.

   Karl eut toute la peine du monde à entrer dans l'appartement. Il lui fallut bien entendu insérer la clef dans la serrure, puis appliquer son épaule à la porte en poussant de toute ses forces. La porte émit un crissement affreux comme seuls savent le faire les oiseaux du diable. Le propriétaire n'avait pas fabulé. L'appartement était plein de chansons, il en débordait, il en dégueulait jusque sur le pallier.

   Du lino vert délavé au plafond blanc entaché, de la porte d'entrée au fond de la cuvette des toilettes, partout des chansons. Elles s'empilaient, s'imbriquaient, se bousculaient, se mêlaient ou plus exactement se brouillaient, s'entre-découpaient ou plutôt s'engluaient, grouillaient, s'agglutinaient. Il y en avait de toutes sortes, de toutes formes, de toutes les couleurs existantes ou non. Des visqueuses, des plates, des molles, des irritantes, de douces mélopées, des complaintes enivrées, des chants populaires aux hymnes nationaux, des grands opéras classiques aux tubes de l'été. Il y en avait absolument partout. Karl restait ébahi, s'interrogeant sur la manière de pénétrer à intérieur.

   Et la manœuvre fut loin d'être aisée. Il fallait pousser les premières chansons vers le fond de l'appartement tout en dégageant les Blues à la main, attrapant les chansons engagées pour les jeter au sommet de l'agglomérat musical, pousser du pied les duos amoureux pour les balancer parmi les tubes des années quatre-vingt. Saisir au passage les Beattles et Rolling Stones qui se chahutaient à coups de solos de guitare, les envoyer chacun dans un coin de la pièce. Tirer la chasse d'eau pour évacuer les chants militaires, enlever le bouchon du lavabo pour censurer les chansons paillardes.

   Une fois entré, il fallut tant bien que mal aménager l'espace vital et là encore imaginez bien que ce ne fut pas une activité du plus grand repos. D'autant plus que les chansons se jouaient littéralement de sa présence. Enfermées ici depuis trop longtemps et sans visiteurs, elle ne demandaient qu'à se dégourdir un peu. Elles couraient donc absolument partout, tâche facilitée par l’exiguïté de la pièce, se cachaient derrière les rideaux, sous le lino et Karl en surprit même derrière le papier peint.

   La cacophonie générée par les mélanges de tant de chansons différentes, la bouillie sonore de tous les styles de musique imaginables, et allant même au-delà, fut-elle que Karl eut la sensation de devenir véritablement fou.

   Sur un air du Boléro de Ravel il exécuta sur la pointe des pieds de jolis cabrioles, culbutes et autres entrechats jusqu'à la fenêtre qu'il ouvrit gracieusement des deux mains avant de faire un petit bond au dehors, avant de s'écraser tout à fait quatre étages plus bas.

   Les badauds s'attroupaient déjà autour du cadavre. Alertes, ils regardaient inquisiteurs la fenêtre ouverte d'où s'était jeté Karl et qui maintenant crachait les paroles d'une bien triste chanson qui disait :

« Come on
Baby don't you wanna go
Hidehey
Baby don't you wanna go
Back to that same old place
Oh sweet home Chicago

Well, one and one is two
Six and two is eight
Come on baby don't ya make me late
Hidehey
Baby don't you wanna go
Back to that same old place
Sweet home Chicago ».



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26 juillet 2012 4 26 /07 /juillet /2012 11:09

                                                           Disparu sous un agrégat d'escarbilles

                                                           Honni pour avoir été celui qui

                                                          

                                                           fit danser les yeux de Madeleine

                                                           Mon coeur s'epuise à la mesure de sa peine

                                                          

                                                           Il s'effarouche et déplore :

                                                           "Ils me l'on prise ma reine".           

                                                          

                                                           Ces clephtes, ces forbans

                                                           Les voleurs de rêve, les courtisans 

                                                          

                                                           Avides de n'avoir été ceux,

                                                           Que la belle nommait :"Mon Amoureux".

                                                           

                                                           Ravissant les agréments de ses vénustés

                                                           Allégories troublantes de la féminité 

                                                           

                                              Cette flamboyante adoration ne survit que par  le brandon               

                                                           De quelques souvenirs châtiés sous l'emprise du temps

                                                          

                                                           Nébuleux, floués déjà

                                                           Comme la fraîcheur de ses sublimités, frelatée.

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13 juillet 2012 5 13 /07 /juillet /2012 10:14

130 kilos de chair presque humaine étaient vissés sur un tabouret du Blue Angel. Occupé à tourner inlassablement les morceaux de glace de son son whisky d'un geste mécanique sans jamais en lever les yeux Mark Kruger remuait toutes ses pensées. Il avait été un boxeur de renom dans les années 90, en Europe, et tout particulièrement en Allemagne. Depuis il vivait entre ici et là dans un anonymat le plus complet. Sa renommée qui avait été fulgurante, était partie au tapis KO d'un coup que seul le temps pouvait porter. Oubliées de tous ces victoires, ces ceintures de vainqueurs levées au ciel, souvenirs figurés d'hématomes et de sueur. Tout cela dépassé depuis des années .. Comme toute chose, le vent qui souffle, un train qui passe, une fragrance flottant dans l'air frais de l'aurore. Mark avait eu son heure, il avait laissé de lui quelques souvenirs de combats mémorables mais il était désormais fini. Pour de bon.
Il vivait dans la région depuis peu. La misère plus que la fuite de ses admirateurs l'avait poussée dans ce rade de bas étage. Il s'éprouvait jour après jour à l'alcool qui lentement gagnait son duel.
Plus loin accoudé au comptoir, vissé de la même manière sur un tabouret mais devant un liquide tout autre à savoir une bière blonde, Freddy contemplait Marck comme si son apparence lui évoquait un souvenir encore flou. Quelques gorgées de bière supplémentaires ramenèrent à Freddy la mémoire qui lui faisait défaut jusqu'alors.

Il se laissa tomber de son tabouret et approcha Marck.
"Excuse moi mec. Tu ne serais pas cet ancien boxeur. Comment s'appelle t-il déjà ? Euh .."
Mark ne pris même pas la peine de décoller un œil de son whisky qui semblait tant le captiver. Il avait appris avec l'habitude à ne pas répondre à ses types bourrés qui se croyaient intéressants, au dessus des autres parce qu'ils reconnaissaient, entre leurs semblables, un visage tuméfié. Marck connaissait la procédure, il allait confirmer et le type voudrait payer une tournée. Le protocole coutumier, abruti. Alors moins instinctivement que la première fois où le cas lui était arrivé il répondu mollement :
"Non. Vous faites erreur".
Seulement tous les morpions ne bouffent pas de la même chatte et cette réponse fut une convocation à la connerie naturelle de Freddy.
"Mais si. Rah comment s'appelle t-il déjà ? ... Ah ! Voilà B.B.B (Big Beat Beast pour les fins connaisseurs) ! Ah quelle finale en 92 contre Billy the Kick ! K.O au quatrième round ! ça me revient maintenant aussi clairement que si c'était arrivé hier ».
Comme un enfant pris sur le fait de mentir, Marck rougit jusque la pointe des oreilles. Freddy ne sembla pas remarquer cet aveu de faiblesse tant il était plongé dans la torpeur de ses souvenirs. Les yeux levés au ciel, le nez congestionné par l'alcool de mauvais goût, le teint violacé, les cheveux grisonnants. Il apparaissait là tel qu'il était et ainsi qu'il avait toujours était. Répugnant tout simplement.

Désormais convaincu que ses souvenirs étaient plus légitimes que la parole de Marck, Freddy sorti sa connerie de sa rêverie et se tournant vers Marck annonça comme attendu par celui-ci :
« Laisse moi te payer un coup B.B.B ! A tes victoires ! A ton Punch !
_ Je ne suis pas ce B.B.B ! Vous faites erreur monsieur .» répondit Marck avec cette fois une pointe d'agacement dans le ton de la voix ce qui ne contribua pas à calmer Freddy pour autant. Bien au contraire puisqu'il reprit de plus belle :
« Allez mec c'est bon je t'ai reconnu... Ce visage ... Ces stigmates ... Et surtout cet accent Allemand ... » (là dessus, il rit). On l'eut cru en entière contemplation de la Sainte Vierge.
Avoué vaincu, Marck se résigna à toute opposition à cette sangsue. Il avait perdu toute ténacité face à l'adversité, chose qui pourtant l'avait caractérisé durant sa carrière passée et avait largement contribué à ses victoires passées. Mais il abandonna surtout car face à l'enthousiasme de Freddy un groupe de curieux les contemplait de leur table à laquelle l'ennui s'était convié. Ne souhaitant pas, même pour tout l'or du monde, être reconnu Marck abdiqua :
« Bon ok pour un verre. Un seul.
_ Génial. T'es trop génial toi » glapit Freddy avec une voix de groupie nymphomaniaque en sautant sur le tabouret libre à la gauche de Marck.

Freddy fit, avec précaution, remplir du même breuvage les deux verres ( car on ne mélange pas les chiens et les chats), que Marck s'employa à vider d'un seul trait alors même qu'il avaitt tarder à avaler le premier.
Puis il se leva, la tête lui tourna légèrement sous l'effet de cette rasade et annonça :
« Merci pour le verre. Il faut que j'y aille ».
Interloqué par cet imprévu, Freddy qui n'avait eut le temps de porter à ses lèvres sa bière avait pâle figure. Il peina à balbutier : « déjà ? ». Sa silhouette filiforme et sa mine alcoolique le faisaient paraître incommode face à la stature imposante de Marck. Mais tandis que ce dernier faisait volte face en direction de la lumière Freddy eut le courage de le retenir par un pan de sa veste. Marck plongea alors instinctivement son regard d'acier dans les yeux humides de Freddy. Il faisait pitié. Vraiment pitié. Pourtant gagné par cette saugrenue forme d'empathie Marck s'apaisa. Une lueur éclairait à présent le visage de Freddy qui en profita sans peine :
« Ok je te laisse partir mais avant B.B.B accorde moi une chose, une seule ».
Et pressentant les soucis comme personne Marck se dit à lui même :
« Et merde. Voilà venir les embrouilles ».
Freddy que l'hésitation de Marck rendait plus confiant que jamais reprit baigné d'une lueur d'espoir :
« Laisse moi faire un combat contre toi. Un seul. Là maintenant ».

Marck n'en revenait pas. Ses sens étaient-ils troublés ou ce mec était fou ? Promis à l'enfermement ? Provoquer un duel contre un boxeur multiple champion du monde poids lourds. C'était choisir sa mort. Plutôt intéressant comme concept. Néanmoins Marck restait conscient de l'absurde proposition de Freddy. Il refusa. Net.
Contre tout attente Freddy n'insista pas. Lui qui avait était si fatigant pour que Marck accepte de prendre un verre en sa compagnie. Peut être que poussé par un quelconque instinct naturel eut il le temps de réfléchir ne serait ce qu'un minimum et ne souhaitait plus la mort. Ou tout au moins pas celle-ci. Marck salua Freddy d'un bref signe de tête et se dirigea vers la porte. Il souriait discrètement en pensant à la situation qui aurait put tourner en véritable massacre. Soit ce mec était fin saoul soit complètement con. Il n'y avait pas trente-six potentialités.

Mais alors qu'il s'apprêtait, la main sur la poignée de la porte, à quitter ce cloaque il entendit Freddy hurler à son attention :
« T'es fini B.B.B ! Tu n'es plus que l'ombre de ton ombre ! T'as plus rien dans les gants vieux con ! Refuser un combat pour un boxeur de ton prétendu calibre c'est la honte éternelle, c'est manquer de respect à l'art de la cogne ! ».
Ces invectives vinrent battre de plein fouet le dos de Marck qui sentit son ego chanceler, tanguer dangereusement sur le sol crasseux. Son sang ne fit qu'un tour et sous l'impulsion de sa condition carnassière d'ancien boxeur mêlée aux stupides effets de l'alcool, il fit volte face et se précipita vers Freddy qui l'accueillit avec une droite bien pesée et agita tout le bar si inerte jusque là. Dans une rumeur informe tout le monde s'approcha. Marck était au sol, assommé par ce direct du droit. De la bave et du sang sortait d'un seul flot de sa bouche restée béante de surprise. Les nécessiteux que la misère poussait chaque jour sur les océans les plus agités au fond de n'importe quelle barque trouée formaient maintenant une ronde autour des deux combattants. La violence et l'alcool. C'est tout ce qu'ils savaient. La plupart d’entre eux vivait à peine. Pendant ce temps là, Freddy avait remonté ses manches en bras de chemise et son apparence était tout autre. Bien plus fière . Plus digne. Il empestait l' abjecte confiance en soi, celle livrée par la méchanceté. En garde, sous les hourras, les insultes de tous genres, les acclamations, les encouragements d'un public fluctuant, il attendait que Marck se relève. Qu'importe. Ce dernier trempait toujours dans son jus morbide. Sonné comme une cloche.

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13 juillet 2012 5 13 /07 /juillet /2012 10:13

 « Hank, lève ton gros cul. On a rendez-vous.

_ Où ?

_ Chez le psy.

_ Qu'est ce que j'ai encore fait ?

_ C'est pour nous gros con, pour notre couple ».

 

Aller chez le psy pour notre couple ? A choisir, ce n'est pas la conduite que j'aurais adoptée. Autant se rendre directement à la souveraineté de Dieu. Et puis quelle drôle d'idée. Toujours est-il que ce mois-ci j'avais déjà refusé d'accompagner Hannah au cinéma et une autre fois au restaurant, en conséquent là, je n'y échapperai pas. Et puis une petit sortie pour m'aérer le fond du slip ça ne pouvait pas me tuer.

Je dénichais donc un froc, une paire de tennis pendant qu'Hannah essayait plusieurs tenues, de couleurs et styles différents afin de trouver celle qui collait le mieux à son Karma paraît il. Le mien puait la pisse d'ours. Elle était toute excitée, courait à travers la turne à la recherche de son tube de rouge à lèvres, de son sac et des talons assortis. De la panoplie exacte de sa connerie. Dans un puzzle, même immonde, chaque pièce compte.

Au final, c'est vêtue de la même jupe collée au cul, des mêmes bas troués accrochés aux mêmes talons, du même maquillage que d'ordinaire qu'elle est sortie de la piaule. Son Karma se payait une sale trogne. Je me marrais déjà en imaginant la tête du psy qui nous recevrait. Hannah fronçait les sourcils face à mon amusement, ce qui n'avait pas pour conséquence directe de la rendre plus jolie.

 

Sur la route j'ai mis le volume de la radio à une hauteur stratégique, qui m'empêchait d'entendre complétement les directives données par Hannah, sous ses regards inquisiteurs je dodelinais du chef. Partout où l'on pouvait se rendre ensemble, un brief de circonstance s'imposait. Ce qui, naturellement expliquait que l'on sortait très peu ensemble. En somme, on était indépendant. Moi dans la piaule. Elle, partout ailleurs.

J'ai garé la bagnole sur un emplacement réservé aux handicapés puis on est monté.

 

Le psy correspondait parfaitement à l'idée que je m'étais toujours faite d'un psy. Insignifiant. Prétentieux. Il est venu vers nous, tête haute, siège d'arrogance, main moite toute tendue. Belle attention. Il a reluqué Hannah des orteils aux oreilles, s'attardant quelques secondes sur ses jambes et sa poitrine avant de nous inviter à le suivre dans son bureau.

Le bureau d'un psy n'est pas plus original que son propriétaire. Une tapisserie faite de bibliothèques pleines de bouquins peut être jamais ouverts, au sol un tapis aux motifs exotiques, un sofa supposé assez confortable pour que l'on puisse inconsciemment se sentir autant en sécurité que contre le sein maternel, enfin un bureau destiné aux encaissements d'honoraires. Il faut bien vivre. Tout ce tableau baignant dans une lumière tamisée. Aussi limpide que la vérité.

 

Une fois le cul posé à la place des azimutés, le psy nous considéra d'un œil expert. D'abord individuellement puis conjointement. Peut être pour cerner notre responsabilité personnelle dans l'ignominieuse allégorie que libérait notre couple. Hannah jubilait, elle s'en frottait les mains. L'ennui me rongeait. J'étais à ce moment précis une planche de bois humide à la merci d'un bataillon de termites affamées.

 

Une série de questions insipides servit de prologue au jugement de nos esprits. L'occasion manifeste pour Hannah de s'illustrer dans ce quelle maitrisait comme une seconde nature. La connerie. Ensuite le psy vint gratter la merde collée à nos âmes. Il tourna vers moi ses yeux caverneux encerclées de lunettes qui lui permettait sans aucun doute de lire directement le fond de nos cœurs. Il me demanda comment je vivais ma relation de couple au quotidien.

_ « Comme une interminable cuite. Parfois j'en gerbe » lui répondis-je presque naturellement.

Ses sourcils se mêlèrent aux mèches de cheveux qui tombaient sur son front. Un silence figea le temps. On se dévisageait. Il avait levé les yeux de son calepin sur lequel il prenait nos dépositions respectives. La plume en l'air pour le moment il m'analysait. Et j'en bandais presque. Mon visage était traversé d'un sourire sardonique. Soudain il se tourna vers Hannah qui trépignait en attendant son tour.

« Et vous madame ? »

Elle s'éclaircit la voix d'un raclement de gorge. Le rossignol roucoulait avant d'entonner sa mélopée. C'était parti pour un flot de paroles, fangeux, ininterrompu.

« Moi je vis notre relation comme si j'avais à m'occuper quotidiennement d'un fou. Il est imprévisible. Un soleil en pleine nuit. » et bla, bla, bla …

Je m'enfonçais un peu plus dans le fauteuil en cuir qui craqua légèrement à cet effet, ce qui détourna l'attention du psy. Je profitais de cette faiblesse pour lui adresser deux clins d'œil appuyés. Gêné, les pointes de ses oreilles prirent une teinte légèrement rosée. C'est confus qu'il retourna prêter oreille aux petits tracas d'Hannah. Comment diable parvenait il à l'écouter ? Ou tout au moins à si bien simuler. J'étais pour ma part à des années lumières de ce qu'elle pouvait bien déblatérer, peu importe le sujet. Si ses paroles n'étaient pas complétées de gestes absurdes, j'en aurais probablement oublié sa présence.

 

Après quelques minutes pendant lesquelles il feint de prendre beaucoup d'intérêt aux dires de madame en noircissant son calepin, il revint vers moi :

«  Bien. Monsieur, dites moi maintenant ce qui vous plait le plus chez Madame. Et le moins ».

Ce petit jeu de questions réponses ne m'éclatait pas. Sans réfléchir, je répondis :

«  Ce que j'aime le plus, ce sont les mouvements hypnotiques de son cul. Et ce que j'aime le moins, c'est lorsque ce sont les autres qui en profitent ». Nouveau tressaillement d'indignation.

« Et vous Madame ? Qu'appréciez vous le plus chez Monsieur » ?

Alors là soit il est sado, soit il est payé au débit de paroles. Parce que tendre une perche ainsi à Hannah, ce n'est pas toucher la connerie du doigt mais s'y foutre tout entier.

« Ce que j'aime chez lui … Il peut être parfois très adorable. Pour un tas de futilités. Des détails qui ont un pas mal d'importance. Et puis au lit, c'est plutôt un bon coup .

_ Hum.. Je vois » intervint simplement notre liseur de songes qui avait enfin dû cerner la personnalité de pétasse libérée d'Hannah à en juger par l'expression de dégoût qui décorait sa gueule de pubis défraîchi. Assurée d'intéresser le psy par ses histoires de femme blessée par une enfance douteuse et un appétit sexuel proche de la famine, elle surenchérit :

«  En revanche, je hais lorsqu'il se met à boire. Il devient mauvais et il arrive que l'on se batte.

_ Cela vous arrive t-il souvent » ? Me demanda le raccommodeur de couples infidèles intelligemment sans prendre note de la compassion qu'attendait la plaignante.

_ Bah ça dépend ce que vous entendez par boire … Et par souvent … Puis vivre avec une salope qui prend son cul pour une base de loisirs ça n'aide pas vraiment » marmonnais je.

Je sentais l'apprenti Nietzsche en souffrance. Je commençais à m'amuser. J'allais pouvoir montrer ce que je faisais de mieux après glander ; éjaculer ma haine !

Le psy ne m'intimidait pas du tout, à peine s'il m'intéressait et je ne me retenais pas de lui faire savoir. Je scrutais son large front à la recherche de la petite perle de sueur qui trahirait son malaise et me permettrait de le psychanalysait à mon tour. Le retour du coup de fouet. J'attendais ainsi un mouvement, un tout petit spasme de trouble pour l'envoyer valser parmi ses bouquins.

Contre toute attente, c'est pourtant lui qui prît l'initiative de la suite des événements.

«  Très bien » conclut il en refermant d'un coup sec son calepin. Indice d'un retour à la réalité merdique.

« Cette séance est maintenant terminée ». On se leva. Il nous guida jusqu'à la porte. Une moue de déception pendait aux lèvres d'Hannah. Je m'en doutais, le médecin des émotions était déjà gavé de ses conneries. Dans le couloir je préparais mes adieux les plus touchants, et mes sincères remerciements pour avoir sauver mon couple à destination du psy lorsque de nouveau il me doubla :

_ « Monsieur, disposeriez vous de quelques minutes supplémentaires à accorder à un entretien d'ordre … privé  ? »

Dépassé par une tel audace, je fis volte face et le suivis. Je m 'étais payée sa tronche toute la séance et ce diable en redemandait. Je ne comprenais décidément pas les hommes. Encore moins les faux savants. Ainsi on laissa Hannah dehors, avec sa frustration de n'être qu'une femme. Pas même digne.

Néanmoins une dizaine de minutes plus tard, l'entretien terminé, je pus m'enfuir. Hannah patientait comme elle le pouvait, en faisant les cent pas, balançant son sac à bouts de bras. Le psy nous salua. La porte se referma sur son visage bienveillant. Une fois seul à seul, Hannah ne perdit pas de temps pour m'incriminer :

_ « Tu ne peux pas t'en empêcher. C'est plus fort que toi. Où que l'on aille, il faut toujours que tu fasses l'intéressant, que tu amènes tout à toi.

_ C'est pas ma faute bébé, lui répondis-je, le doc' voulait me voir en privé. Tu as bien vu.

_ Et pourquoi faire ? Qu'est ce qu'il t'a dit ?

_ Rien. Il voulait juste me sucer.

_ Haaaank, sérieux !

_ Je suis sérieux.

 

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13 juillet 2012 5 13 /07 /juillet /2012 10:12

    Ma femme se tape mon meilleur ami. Je le sais. Depuis quelques temps elle a retrouvé le sourire. Elle s'habille comme une pute en pleine crise d'opulence et rentre tard le soir.

Lui n'a pas vraiment changé. Il est toujours aussi con. Le pauvre bientôt à cause d'elle il sera complétement cuit, bon a être enfermé. Il m'envoie toujours les mêmes bourrades amicales, peut être un peu plus appuyées. Ils ont l'air heureux tous les deux. Salopes.

Ils prennent tellement soin de bien vivre cachés que j'en suis aveuglé. En plus ça ne me gêne pas. Je pourrais m'en ronger les os des mains en culpabilisant de les avoir présentés l'un à l'autre. Mais non. Ils se sourient timidement pensant me cacher toute une face du monde. Quelle bassesse.

    Le soir après ma journée de merde quotidienne au boulot, je rentre poser mes deux fesses sur mon canapé pour une durée indeterminée, mais certainement très longue. Elle, affublée comme un paon amblyope me signale de sa voix badine de pétasse enchantée qu'elle sort voir des copines. Toujours les mêmes. Comme d'accoutumée je dodeline lentement du chef sans détourner mon regard de la télévision. Elle pense alors m'avoir baisé.

     Une fois j'ai pensé leur faire un plan tordu, j'ai menacé malgré moi de convoquer l'un alors que l'autre s'en irait le rejoindre. Elle a pâli. Et ça  ne m'a pas amusé comme je me le figurais. J'ai alors laissé tomber l'idée.

     Bien entendu, je ne suis pas dupe. Je sais pertinemment qu'un jour elle trouvera l'excuse de l'évier bouché, du poil pubien dans la soupe ou du caleçon sale qui traine sous la table pour me remplacer. Mais de ça aussi je m'en cogne.

 

     En réalité ce que j'aime le plus c'est lorsqu'elle rentre le soir, qu'elle lève toute la superficie de son cul pour aller me chercher un whisky à la cuisine, puis qu'elle revient s'asseoir sur le fauteuil face à moi en pliant ses jambes délicatement l'une sur l'autre, sa jupe remonte par ce geste mécanique bien au dessus de ses genoux et offre une vue ... agréable. Ensuite une véritable comédie commence. Elle me raconte qu'elle est allée voir des amies, mais je ne l'écoute déjà plus. Je fige mon regard sur ses jambes, puis légerement plus haut. Je me représente alors la véritable scène ayant eu lieu quelques heures auparavant. Lui en elle, leurs soupirs, le brassage de leur transpiration, la macédoine de leur sécrétion. Lorsque arrive le moment où je trouve cela trop pervers j'arrête. 

 

     C'est de manière générale ce même moment qu'elle choisit pour juger sa mauvaise conscience comme étant presque apaisée. Après quoi elle va se coucher. Je ne la rejoindrai pas. J'attends que la mort vienne me baiser. 

Je pourrai être jaloux, les filer un soir ou l'autre. Lui dire, leur dire que je sais tout. Mais non. Je m'en tape. C'est ça. Je m'en tape. J'ai fini mon whisky, posé le verre vide sur le sol, à côté de la table. J'ai arrosé la piaule d'essence et puis le feu est arrivé me lécher le trou du cul. 

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13 juillet 2012 5 13 /07 /juillet /2012 10:06

«  Je suppose que vous vous foutez de ma gueule ? »

     Le scénario s’écrasa sur le bureau en bois de chêne, avec un claquement prompt. Il ne se composait pourtant que de quelques feuillets. Non. Je ne me foutais pas de sa gueule. Une perte de temps fastidieuse.

     Le producteur s’enfonça un peu plus dans son fauteuil en cuir capitonné qui émit de ce fait un léger craquement. Le bruit d’une trop grande confiance en soi. Ce type n’avait visiblement pas dans ses plus familières habitudes de subir les déjections d’une vie tortionnaire.

     Depuis que je lui faisais face il n’avait pas détourné son regard une seule fois. Pas même un battement de cils. Ses petits yeux gris dans les miens. Leurs regards me transperçaient, me glissaient des yeux jusqu’à l’estomac. Ils finiraient par me sortir du trou du cul.

     Il s’alluma un cigare, tira une bouffée de fumée avant de rejeter la tête en arrière et de l’expulser vers le plafond. En contemplation de cette nuée tabagique j’attendais.

_ «  Vous avez arrêté d’écrire des poèmes n’est-ce-pas ?

_ Oui. Ça ne rapporte pas un clou. Même rouillé.

_ Je vois. Vous feriez mieux de vous y remettre. Votre scénario c’est de la merde. De la belle grosse merde. Un véritable étron. »

     Ayant achevé de désigner mon scénario par des métaphores scatologiques il me fit un bref signe de tête en direction de la porte de son bureau avant d’ajouter :

     « Nous ne faisons pas partie du même monde Hank. Nous, nous sommes des artistes. »

     « Tous les mêmes fils de putes » pensai-je plutôt avant d’atteindre la sortie de son gigantesque cabinet.

     Certes mon scénario n’était en rien exceptionnel mais à lui seul il déclassait toutes les fientes cinématiques pondues par ces manges-merdes d’Hollywood.

     Il relatait l’histoire d’une prostituée au destin insolite. En effet la vie avait pris le prétexte d’un accident de la circulation pour lui ôter l’usage d’une de ses jambes. La gauche. De plus elle s’était éprise d’un ivrogne avéré qu’elle avait rencontré dans un bar poisseux choisit pour refuge lorsqu’un soir la météo ne prêtait pas aux affaires. Leur rencontre puait la pisse et le bourbon. Malgré tout le hasard, en quête indéniable de notoriété, leur avait mis sous les yeux un billet de loterie gagnant. La somme d’argent en récompense représentait des années entières de tapin. Cependant leur train de vie changeait peu. Le champagne remplaçait désormais la mauvaise bière, les havanes le tabac à rouler et d’autres inanités que pourraient se permettre les individus sans idéaux. Ils vécurent un temps ce qu’ils pensaient être une vie de rêve avant que le vrai propriétaire du billet gagnant fut retrouvé mort au fond d’un canal. Cette péripétie les traina donc devant une la justice qui les renvoya, pour faire bref, à la case départ. Formidable, je trouve.

     Je l’avais écrit avec une immense confiance en pensant que ce serait mon billet pour la lumière. J’avais même posé mes conditions. Je laissais au réalisateur l’entière liberté qui découlait du choix des acteurs, les noms des protagonistes, des costumes et autres conneries mais je souhaitais simplement que la séquence de la rencontre se tourne au Blue Angel. Marché que j’avais conclu d’avance avec Joey le propriétaire et ami. Il était en quête de clientèle d’un niveau plus raffiné que les quelques miséreux qui venaient boire, vomir et reboire leur chagrin. Un cocktail d’alcool, de sueur angoissée et de larmes.

    Néanmoins, j’ouvris de nouveau la lourde porte du bureau de Mr. S. (c’est le nom qu’annonçait une enseigne dorée qui y était pendue). J’avais laissé mon scénario sur son réceptacle à merde qui lui servait ordinairement de bureau. Il avait déjà replongé la tête dans la pile de conneries que des types aussi désespérés que moi lui envoyaient en attendant de trouver un sens  dans l’interstice  qui dissocie la vie de la mort.

« _ Heu Mr.S ?

_ Encore vous ? Vous n’avez pas trouvé la sortie ?

_ Non. Enfin si. J’aimerai simplement récupérer mon script.

     Il n’avait même pas pris la peine de lever sa tête vers la direction d’où lui provenait ma voix. Dans le cendrier son cigare fumait encore. Les volutes de fumée dessinaient des pénis déformés et autres symboles sexuels. Enfin c’est ce que je pensais voir. Et puis, mon scenario fit un vol bref avant d’atterrir à mes pieds. Alors l’artiste génial au talent phénoménal qu’il prétendait être me dit :

_ «  La prochaine fois évitez de me faire perdre mon temps et fichez votre torchon directement à la poubelle. Ça en va de notre intérêt commun ».

     Le cigare se consumait lentement. La vie est courte. Les  volutes de fumée ne dessinaient plus rien. Je ramassais donc mon « torchon » et fis demi-tour. Avant que la porte se ferme sur mes pas honorés d’un « crétin ».  

     Un quart d'heure plus tard j’étais vissé sur un tabouret au Blue Angel, un whisky à moitié vide à la main. Joey me regardais avec un air désolé. Il avait également lu le scénario.  La vie reprenait plus ou moins un cours ordinaire. Elle me trainerait par les artères vitales. Ou par un autre attribut, empreint de virilité. Pour le moment ça me suffisait.

      

                                                      Un jour j’irai pisser sur la lune.

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13 juillet 2012 5 13 /07 /juillet /2012 10:04

" Qu'est ce que tu fais" ??? hurla t-elle comme une damnée de tous les Enfers en tâchant tant bien que mal d'essayer d'éteindre le feu devenu un petit incendie.

" Je m'amuse" répondis-je simplement. En brûlant la baraque certes, mais bon, le feu ça purge. Et puis il faut bien commencer à s'y habituer. Comment on fera aurement lorsque Saint Pierre nous éjectera de son institution ?

     Elle n'a pas compris et après le départ des pompiers elle a fait son sac avec le reste d'affaires dont elle disposait désormais. Elle a juste dit qu'elle me quittait. Je l'avais compris elle aurait pu économiser sa salive. Je suis sûr qu'elle aurait claqué la porte s'il y en avait encore une, menfin. Je suis donc resté seul, peinard. Dans la suie mes pas laissaient des traces qui m'amusèrent un moment. Et puis plus rien. L'ennui sempiternel.

     Je suis sorti avec l'idée de retrouver Hank. Ne le trouvant dans aucun des bistrots du quartier, j'allais chez sa maitresse. Elle ouvrit, affublée d'un kimono en soie verte. Fétide.

    _ "Tu as vu l'heure ?

    _  Je cherche Hank.

    _  Il est pas ici. Et puis j'en ai plus rien à cirer de Hank. Tu lui dira qu'il aille se faire foutre à ce propos".

     De nouveau dans les rues ternes, vidées de monde à une heure qui en effet devait être tardive à en juger la fraîcheur de l'atmosphère, je lambinais, trainant ma carcasse. Nulle part. Plus un bar ouvert. La misère. Je me résignais à ne pouvoir étancher une éternelle soif. Jusqu'à demain.

     L'espoir me quittait. Je le savais. Je le voyais presque s'évader de ma substance, s'arracher de ma moelle.

      Au petit matin ce sont les embruns givrés qui vinrent me tirer d’un sommeil éthéré. J’avais passé quelques heures sur un banc public. Je reconsidérais mes membres ankylosés. Rien ne semblait avoir bougé. La vie pouvait reprendre son cours, m'attendait-elle ?

     "Je viens d'en sortir à l'instant. Des malades ces mecs je te le garantis". Hank avait passé la nuit, une de plus, au poste de police. Une beuverie dans un bar du coin , une de plus, qui s'était mal terminée. Il avait une tête de casting de films d'horreur. Néanmoins content de l'avoir à peu près retrouvé  je lui dis :

     _ " Tu as les amitiés de Jane ...

     _ Tu l'as croisé ?

     _ Mieux. Je te cherchais, hier soir. Je suis passé chez elle.

     _ Elle m'en veux ?

     _ J'en sais trop rien. Je pense ...

     _ Ouais. Je lui ai refilé des morbacs. Je pense que je ne suis pas prêt de la revoir".

     Les femmes  ne comprennent pas l'amour. Cela les dépasse tout simplement. Nul besoin d'explications.  De toute façon je n'en ai pas.

Toujours est-il que Hank et moi on a marché vers le sud. On a trouvé un bistrot pas trop sordide. Il a pris une bière fraiche. Une blonde. J'ai pris un café. Noir. Le barman déposait le dernier tabouret au sol. alors Hank m'a demandé :

     _" Tu vas faire quoi maintenant ? Rentrer chez toi ?

     _ Il n'y a plus de chez moi.

     _ Tu as été mis à la porte ?

     _ Non. C'est pas ça. Et puis il n'y a plus de porte. Il n'y a plus rien même.

     _ Ah. Qu'est-ce-que tu as foutu ?

     _ Le feu.

     _ Ah".

     Hank n'était pas très prolixe. Encore moins curieux. Cela arrangeait bien des choses. Je pense qu'on se comprenait, et c'était suffisant. Je lui ai évoqué le fait que je quitterai certainement la ville. Peut être même le pays. Il souhaitait me suivre et je n'y voyait pas beaucoup d'objections.

      Nous sommes partis.  

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13 juillet 2012 5 13 /07 /juillet /2012 10:01

Chales B. a changé de sexe. Grand poète rien est moins sûr, génie certainement.

Le bruit autour de moi m'agace, ce bourdonnement excessif d'extraits de conversation, de bruits de circulation, de cris en tous genres, et surtout de rires me rappelle à chaque fois avec plus d'intensité que je ne suis que vivant. Dommage. J'ai suicidé mon âme et envoyé un singe pisser sur la lune. Ecrite en gros caractère sur ma peau: " Fermée ". Les fleurs c'est pour la tombe.

     "On repassera" me dit-il. C'est mieux comme ça. Je ne l'ai même pas écouté prononcer le diagnostic. Ce doit être la folie. Mon génie est à jamais enfermé dans le tube de dentifrice. Les aspirateurs de poèmes tournent à t'en faire cracher la soupe, et bientôt ce sera le monde qui se fera avaler.

Bientôt...

     Je lutte pour ma propre survie, cette déstinée de magicien.

     Au fait "B." c'est pour Bukowski.

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13 juillet 2012 5 13 /07 /juillet /2012 10:01

   La chanson disait que la vie est belle, parce que tout le monde s’aime et que les oiseaux chantent le lever du jour. C’est beau !

Dans mon coin il fait noir. Comme dans ma tête. Le temps passe et je le regarde faire, sans peur, avec curiosité. Tête baissée, il fonce.

Notre monde est fait de héros alors à quoi bon avoir un dieu ? J’ai tout ce qu’il me faut sans même avoir de besoins. Je me cache, me tapie dans la chaleur de mon ombre, elle marche devant moi. Rien n’est trop beau pour être aimé, et puis les couleurs ne sont que les masques tragiques de nos âmes, tout est maquillé, rien n’est vrai. Et pour preuve : C’est vrai !

     Je tourne les pages d’une existence poussiéreuse, des larmes, des rires, et puis des cris aussi. J’espère voir le soleil aujourd’hui.

J’ai une boule noire qui cogne dans mon ventre, il parait que j’ai un cœur. Je fais l’amour aux anges. Chacun sa merde ! La mienne me convient.

J’ai choisi de toujours avoir le choix afin d’apprécier faire le mauvais.

Sous cette plaque de marbre on a déposé mon cœur, sous les ruines de l’amour j’ai jeté mon sourire.

J’ai épousé la nuit pour lui confier mes rêves, la Lune ne parle pas mais sa lumière chante.

                                           Et la chanson est terminée.

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